L’OMS préoccupée par l’escalade de la crise sanitaire en Cisjordanie

14 juin 2024
Déclaration
Jérusalem/Le Caire/Genève

L’OMS reste préoccupée par l’escalade de la crise sanitaire dans le territoire palestinien occupé, y compris en Cisjordanie, où les attaques contre les infrastructures de santé et les restrictions accrues à la liberté de mouvement entravent l’accès aux soins de santé.

La violence qui sévit en Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est, depuis le début de la guerre à Gaza a entraîné la mort de 521 Palestiniens, dont 126 enfants, entre le 7 octobre 2023 et le 10 juin 2024 ; plus de 5200 personnes, dont 800 enfants, ont été blessées, ajoutant à la charge croissante des traumatismes et des soins d’urgence dans des établissements de santé déjà surchargés.

Entre le 7 octobre 2023 et le 28 mai 2024, l’OMS a recensé 480 attaques contre les services de santé en Cisjordanie, qui ont fait 16 morts et 95 blessés. Les attaques ont touché 54 établissements de santé, 20 dispensaires mobiles et 319 ambulances. Cinquante-neuf pour cent des attaques ont eu lieu dans les villes de Tulkarem, Djénine et Naplouse. Il s’agit notamment d’attaques contre les infrastructures de santé et les ambulances, de détention d’agents de santé et de patients, d’obstruction à l’accès aux établissements de santé, de recours à la force contre les agents de santé et de fouilles militarisées des ambulances et du personnel.

La fermeture des postes de contrôle, les obstructions arbitraires et la détention d’agents de santé, l’insécurité croissante, ainsi que le siège et le bouclage de villes et de communautés entières ont restreint de plus en plus les déplacements à l’intérieur de la Cisjordanie, entravant l’accès aux établissements de santé. Les dégâts considérables causés aux infrastructures et aux habitations, en particulier dans le nord de la Cisjordanie, ont aggravé la situation en bloquant l’accès des ambulances et des secouristes.

La crise budgétaire à laquelle est confrontée depuis longtemps l’Autorité palestinienne a un impact supplémentaire sur le système de santé et a été aggravée par le fait qu’Israël retient de plus en plus les recettes fiscales destinées au territoire palestinien occupé depuis le 7 octobre, ainsi que par la détérioration générale de la situation économique dans ce territoire. L’impact de la situation financière sur la prestation des services de santé est important : les agents de santé n’ont reçu que la moitié de leur salaire pendant près d’un an et 45 % des médicaments essentiels sont en rupture de stock. Dans la plupart des zones de Cisjordanie, les dispensaires de soins primaires et de soins de spécialité en ambulatoire ne sont ouverts que deux jours par semaine et les hôpitaux fonctionnent à environ 70 % de leur capacité.

Entre octobre 2023 et mai 2024, 44 % des 28 292 demandes de soins médicaux en dehors de la Cisjordanie, à Jérusalem-Est ou dans des établissements de santé israéliens, ont été refusées ou restent en suspens, l’accès étant principalement réservé aux cas de cancer, de dialyse et à d’autres cas vitaux. Au cours de cette même période, 48 % des 26 562 demandes de permis d’accompagnement ont été refusées ou demeurent en attente.

Une comparaison entre octobre 2022-mai 2023 et octobre 2023-mai 2024 montre une diminution de 56 % des demandes de permis de patients en Cisjordanie et de 22 % des approbations, et une diminution de 63 % des demandes de permis d’accompagnement et de 24 % des approbations. Avant octobre 2023, plus de 300 patients avaient besoin d’un permis chaque jour pour traverser la Cisjordanie vers Jérusalem-Est et les établissements de santé israéliens.

L’OMS aide le Ministère de la santé à acheter des médicaments essentiels et lui fournit une assistance technique pour remédier à certaines politiques et procédures qui contribuent à la crise budgétaire dans le secteur de la santé. En outre, l’OMS a prépositionné des fournitures dans les principaux hôpitaux de Cisjordanie, y compris à Jérusalem-Est, et a organisé une formation à la prise en charge des traumatismes au niveau communautaire pour les secouristes des zones touchées afin de renforcer la préparation aux situations d’urgence ; cependant, l’aggravation de l’insécurité et des difficultés d’accès aux blessés pour les équipes d’urgence et les bénévoles sur le terrain, combinée au maintien de couvre-feux stricts, fait peser des risques importants sur le système de santé et rend très difficile l’accès des secouristes aux personnes qui ont besoin de soins urgents.

L’OMS appelle à la protection immédiate et active des civils et des services de santé en Cisjordanie. Le droit international humanitaire doit être respecté, ce qui signifie que le principe d’inviolabilité des soins de santé doit être observé à tout moment.